TSIGANES
Les roulottes de brique attendent le départ
La route rectiligne ne mène plus nulle part
Les enfants et les chiens courent dans tous les sens
Les rêves sont embourbés dans leur longue abstinence
Depuis quarante années , les routes se sont tues
Les chevaux sont partis, les roues ne tournent plus
Les roulottes étroites simples et bien rangées
Attendent qu’on attelle pour le prochain été.
Or dans ce pays plat on a fait table rase
Pour s’enfuir lentement il leur faudrait Pégase.
Les femmes et les chiens peuvent en BOOZ endormis
Se réfugier quand même en terre d’Italie..
Mais qu’est donc devenue la chevauchée mongole ?
Où sont les Ottomans, où sont les courses folles ?
Est-ce le béton d’un dogme qui les a enchaînés ?
La langue et la pensée ont été dépecés.
Tout n’est plus que silence plus de rêves insensés
Sous peine d’être trahi, vendu et psychanalysé
Par les espions exsangues de la pensée commune
Qui fait que tout se noie peu à peu dans les dunes
La roulotte de pierre sur le chemin de lune
Ne gerbe plus d’étoiles dans la longue nuit brune.
La guitare et les yeux des garçons et des filles
Allument des regards, dilatent les pupilles
L’espace d’une flamme ils écartèlent le temps
Brisent les interdits explosent les carcans
Mais ce peuple pupille n’a plus d’autre horizon
Non ce peuple pupille n’a plus d’autre horizon
Que ce ruban funèbre noir d’asphalte si long
Qu’il ne mène plus nulle part.